Gaz de schiste : des parlementaires français demandent des forages expérimentaux

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2 décembre 2013 - Deux parlementaires demandent, dans un rapport, la mise en œuvre de forages expérimentaux de gaz de schiste.

Plusieurs techniques d'extraction envisageables

Un rapport publié le 27 novembre dernier hier relance le débat autour du gaz de schiste entre les législateurs. Les deux rédacteurs de ce document, le sénateur UMP de l'Orne Jean-Claude Lenoir et le député PS du Nord Christian Bataille, ont été chargés, au début de l’année 2013, par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), d'évaluer des techniques alternatives à la fracturation hydraulique.

Concernant les techniques d'exploitation du gaz de schiste, les deux auteurs considèrent que les risques engendrés par la fracturation hydraulique sont "maîtrisables". Cette technique pourrait par conséquent avoir lieu "sans destructions environnementales". Les deux parlementaires rappellent qu'elle a d'ailleurs déjà été "utilisée à 45 reprises en France". Ils ajoutent toutefois que l'utilisation de techniques alternatives à la fracturation hydraulique (interdite en France depuis la loi du 13 juillet 2011), comme la fracturation au propane serait envisageable. 

Le dossier sur le gaz de schiste « diabolisé » selon les parlementaires

Plusieurs décideurs politiques critiquent vivement le travail amorcé par les parlementaires. Denis Baupin et Corinne Bouchoux, les deux seuls membres de l'Opecst à contester les conclusions du rapport, regrettent ainsi "un parti pris idéologique minimisant les impacts environnementaux et économiques". Le ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, Philippe Martin, ajoute que "même le PDG de Shell estime que le modèle d'exploitation de ces gaz n'est pas rentable" tout en invitant à "se méfier des VRP des hydrocarbures fossiles".

Les parlementaires à l'origine du rapport se défendent de ces accusations en remarquant que « le dossier du gaz de schiste a été diabolisé en France » et tentent de recentrer le débat: "nous ne disons pas qu'il faut consommer plus d'hydrocarbures. Nous disons qu'il faut consommer moins d'hydrocarbures progressivement, mais que les hydrocarbures que nous consommons doivent en priorité venir de notre sous-sol si ces ressources sont avérées "

Une politique de l’obscurantisme ?

Les rédacteurs du rapport regrettent l'impossibilité de pouvoir mettre en œuvre des expérimentations scientifiques, pourtant prévues par la loi de 13 juillet 2011 et déplorent que « la recherche se développe partout sauf en France ». Les thuriféraires du recours au gaz de schiste qualifient même ce refus de procéder à des recherches "d'obscurantisme".

Toutefois, la méthode employée par les rapporteurs pour établir leurs conclusions est aussi critiquée sur la forme. Denis Baupin et Corinne Bouchoux constatent ainsi que "plus de 80 % des personnes auditionnées sont favorables aux gaz de schiste et que l'on peine à trouver la présence d'experts critiques". En outre, le rapport n'évaluerait pas les risques et le rendement réels de techniques alternatives comme la fracturation au propane et ne donnerait aucune indication sur la localisation précise des forages expérimentaux éventuels permettant d'évaluer leur faisabilité.